soutenance de M. Love Moumbeky

Profilage Écosystémique & Géographique des Systèmes (PEGs): un outil et une méthodologie de conception symbiotique : Architistique : Une science architecturale révisée à l’ère de l’économie circulaire et de l’intelligence écologique

Notre incapacité à faire face au changement climatique est due aux représentations sociales biaisées par la perte de l’intelligence écologique (IE). Les valeurs que nous portons produisent l’environnement bâti humain et font de l’architecture et de l’urbanisme des multi-agents qui programment des décisions, des interactions et des interrelations. L’objectif de ce travail est de définir et calibrer une méthodologie pour profiler la symbiose à l’échelle de la mégarégion, une figure territoriale capable de réconcilier les valeurs et enjeux locaux et globaux, d’aligner les stratégies économiques et environnementales, et d’établir un écosystème viable basé sur l’IE collective. Puisant dans la pensée tentaculaire et « SF » de Haraway comme méthodologie constructiviste, la thèse s’appuie sur la phénoménologie perceptive, cognitive, linguistique et ontologique pour (1) refonder les représentations sociales, dissoudre les régimes discursifs du monde globalisé, les tessons de colonisation et l’anthropocentrisme en développant une pratique de recherche, de travail et d’inclusion sociale par le biais de la participation ; (2) structurer une approche transdisciplinaire qui articule des composantes épistémologiques, pragmatiques et didactiques capables de retisser une approche architecturale, urbaine et territoriale symbiotique cohérente et efficace; et (3) réinitialiser le rôle de la science et de la science architecturale dans la société en abordant l’incertitude et alignant la pratique architecturale avec les besoins de notre contemporanéité par la mise en œuvre d’une méthodologie écosystémique inclusive. La thèse a un plan non conventionnel, caractérisé par un prolégomène de cinq chapitres : un agrégateur qui catalyse le vaste paysage des champs de connaissance impliqués dans la problématique, le questionnement, les hypothèses, le cadre théorique et le positionnement de la thèse. Comme dans la production de la fibre artificielle et du tissage, la thèse est un processus de dissolution suivi d’une re-form-ation. Les trois parties de la thèse se déploient comme des extraits / extrusions, présentant une séparation ; le passage par le filtre, la filière, et la conjonction des assemblages produit une cohérence émergente inattendue, illustrant le résultat d’une sérendipité scientifique pleinement assumée. Il examine le territoire et la communauté swahilie résiliente, vieille de trois mille ans, une occurrence première de la mégarégion symbiotique et de son principe écho-systémique. En tant que modèle paradigmatique, il invite à réinitialiser l’IE et appelle à l’économie circulaire (EC). En termes de méthodologie, la thèse explore la datavisualisation, le numérique et le Code Génétique Environnemental (CGE), un outil cartographique pour le profilage des formes architecturales et urbaines, en considérant les phénomènes à travers les affordances et les vecteurs d’attraction/répulsion comme générateurs de forme. La reconfiguration de l’EGC est basée sur des approches interdisciplinaires et transdisciplinaires de l’émergence de la vie, des idées et des formes, et son augmentation est basée sur les résultats de trois approches iconiques de l’ETH Zurich et de la TU-Delft. La méthode qui en résulte, appelée Ecosystemic Geographic Profiling (EGP), établit le profil des Ecosystemic Symbiotic Territories (EST), déconstruit les themata vivant/non-vivant et naturel/artificiel, et considère toutes les productions comme des infrastructures biologiques et symbiotes de l’écosystème. Sur le plan praxéologique, épistémologique et didactique, le travail considère le principe de l’écosystème comme une signature mésologique et méréologique, bouleversant les approches traditionnelles en architecture et urbanisme. Ceci nécessite un recentrage des pratiques et implique une révision axiologique, ontologique, épistémologique, méthodologique et paradigmatique de la science architecturale en tant qu’Architistique, une méta-discipline pendante de la Linguistique.

Mots-clés : Architistics, Profilage, Affordances, Emergences, Symbiosis, In-form-ations, Representations, Méthodologies, Cartography, Biological Infrastructure