soutenance de Mme Phuoc Van Anh NGUYEN

Le Temps, les Enjeux Temporels et les Outils Opérationnels dans la Transformation des Territoires : Vers une Nouvelle Culture du Projet Urbain.

La reconnaissance récente des phénomènes multiples auxquels l’humanité est attachée implique comme corollaire le besoin de comprendre le mécanisme de transformation des villes, ce qui révèle le vif désir de prendre en main leur propre destin et d’agir à leur développement. Appréhender le temps, c’est appréhender l’avenir. Cette conscience peut modifier considérablement les projets territoriaux vis-à-vis des impacts temporels. Elle implique également des allers-retours entre les interventions pragmatiques et la réflexion théorique, pour permettre simultanément une cristallisation des nouvelles façons d’aborder le rapport entre l’homme, le temps et la fabrication de l’espace.
Le choix de la thématique de ce travail et ses préoccupations, ont été motivés par plusieurs raisons : tout d’abord, même si la question du temps paraît primordiale, son inscription dans les stratégies et les démarches urbanistiques reste encore floue et ambiguë. De plus, en mettant en question les temporalités des acteurs, ce sujet touche également au besoin du consensus, ainsi qu’à la sphère de la participation citoyenne, l’un des thèmes d’actualité.
La mobilisation des deux terrains d’études – la péninsule de Thu Thiem au Vietnam et Bordeaux Rive Droite en France – vise à démontrer que le temps peut être considéré comme matériau de la conception : le temps social et le temps du paysage. Ces deux derniers peuvent se projeter sur deux échelles différentes : le court et long terme. En effet, la nature met du temps à prendre forme. L’engagement des espaces publics et des espaces « verts » en préalable permet de stimuler une dynamique chez les habitants. Leurs activités, bien qu’elles soient parfois éphémères, sont le levier et le moteur la vision de la construction urbaine, alors que sur le long terme, les formes et les structures malléables et réversibles sont fortement préconisées. Nous observons donc une évolution progressive des discours et des pratiques.
Cette recherche consiste aussi à poser un ancrage théorique et à défricher le fond d’engagement et de sens de cette question émergente dans le projet urbain. Par ailleurs, en mettant l’accent sur le rapport réciproque entre l’environnement et les interventions paysagères, ce travail de thèse veut, de la sorte, apporter un renouveau sur la question du vivant dans les théories urbaines ainsi que dans les débats qui vont naître autour de la naissance de l’urbanisme paysager et de la planification urbaine binaire.
En matière de temps dans la production urbaine, les tensions entre les acteurs et entre les objectifs nous amènent nous situer entre « l’au-delà de l’actualité et l’en deçà de la prospective », autrement dit entre le registre de la vision individuelle et les modalités de la vision négociée. On observe donc une tendance à appréhender la ville comme ce qu’elle est selon nous, c’est-à-dire une structure complexe, vivante, disposant sa propre dynamique évolutive ; et non comme ce qu’elle devrait être, se conformant à nos souhaits personnels.
Nous souhaitons également interroger un éventuel renouvellement de la culture du projet urbain à la suite de la prise en conscience des temporalités du territoire… Si la question du temps est désormais posée comme un facteur déterminant, en quoi transforme-t-elle la façon de construire l’espace temporo-spatial ? En enfin, comment les démarches mises en oeuvre des projets de territoire peuvent régénérer une pensée globale et partagée, sachant que les acteurs différents ont tendance à traiter différemment la question temporelle ?

Mots-clés: Thu Thiem, Ho Chi Minh-ville, Bordeaux rive droite, temps, vision prospective, projet urbain, développement durable