Thèse de doctorat d’Anthropologie et Sociologie
Financement multilatéral de l’enseignement supérieur et de la recherche en Afrique de l’Ouest et Centrale : le cas d’étude du programme des centres d’excellence africains soutenus par la Banque mondiale et l’Agence Française de Développement
Avec une population jeune, en pleine expansion et très exposée aux grands défis du développement durable, l’Afrique de l’Ouest et Centrale dispose de capacités d’enseignement supérieur et scientifiques limitées. Son écosystème de la recherche et de la formation de master et de doctorat souffre de maux structurels, matérialisés en particulier par un sous-financement chronique et structurel de ses infrastructures et équipes de recherche, une augmentation importante de sa population étudiante, une offre de formation supérieure en décalage avec les besoins du marché de l’emploi, une absence de masse critique de personnels enseignants-chercheurs qualifiés et la fuite ou encore le gaspillage de talents locaux par un sous-emploi et un taux de chômage de diplômés important. Ces difficultés limitent la capacité de produire une recherche de rang international, capable de plus d’adresser les grands défis du continent et d’assurer la qualité générale des formations proposées par les opérateurs (universités, écoles d’ingénieurs…).
Pour répondre à ces enjeux, la Banque mondiale et l’Agence française de développement proposent depuis 2014 le programme African Center of Excellence (ACE) à onze pays africains : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gambie, Ghana, Guinée, Niger, Nigéria, Sénégal et Togo, avec pour objectif d’améliorer la qualité de la production scientifique et de l’enseignement des centres d’excellences qui en sont bénéficiaires.
Cette thèse a pour objectif d’analyser en profondeur la manière dont les parties prenantes – qu’il s’agisse des institutions partenaires, des bénéficiaires directs, des bailleurs de fonds ou des gouvernements – s’approprient le programme. L’étude vise à identifier non seulement les réussites concrètes du programme dans l’atteinte des résultats attendus, mais aussi les défis, limitations et éventuels échecs rencontrés au cours de sa mise en oeuvre. En outre, elle cherche à comprendre les mécanismes d’adaptation, les dynamiques collaboratives et les facteurs contextuels qui ont influencé l’efficacité et l’impact global du programme.
Mots-clés : Afrique de l’ouest et centrale, recherche en Afrique, enseignement supérieur africain, financement multilatéral de la recherche, financement basé sur la performance, accréditation internationale, valorisation de la recherche africaine
Multilateral financing of higher education and research in West and Central Africa: the case study of the African centers of excellence program supported by the World Bank and the French Development Agency
With a young and rapidly growing population highly vulnerable to the major challenges of sustainable development, West and Central Africa faces significant limitations in higher education and scientific capacity. The region’s ecosystem for research and postgraduate education, including master’s and doctoral programs, is hindered by structural issues. These challenges include chronic and systemic underfunding of infrastructure and research teams, a sharp rise in student enrollment, a misalignment between higher education offerings and job market demands, a lack of a critical mass of qualified teaching and research staff, and the loss or underutilization of local talent due to underemployment and high graduate unemployment rates. These difficulties severely constrain the ability to produce world-class research that addresses the continent’s pressing challenges and undermine the overall quality of education provided by institutions such as universities and engineering schools.
To tackle these issues, the World Bank and the French Development Agency launched the African Centers of Excellence (ACE) program in 2014. This initiative targets eleven African countries: Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gambia, Ghana, Guinea, Niger, Nigeria, Senegal, and Togo, with the aim of enhancing the quality of scientific production and teaching within beneficiary centers of excellence.
This thesis seeks to conduct an in-depth analysis of how various stakeholders’including partner institutions, direct beneficiaries, donors, and governments’engage with and take ownership of the program. It aims to identify the program’s concrete successes in achieving its intended outcomes, as well as the challenges, limitations, and potential shortcomings encountered during implementation. Furthermore, the study explores the adaptation mechanisms, collaborative dynamics, and contextual factors that have influenced the program’s overall effectiveness and impact.
West and Central Africa, African research, African higher education, multilateral research funding, performance-based funding, international accreditation, commercialization of African research