Thèse de doctorat en Philosophie politique
Parler en son nom. Solitude et responsabilité
“Parler en son nom” : ce projet, constitutif de l’espace démocratique, résonne avec une intensité nouvelle, à mesure que la parole individuelle se démultiplie dans la société contemporaine. Cette liberté de pensée et de parole ne peut advenir qu’à travers la rencontre avec l’altérité et la négociation constante entre les sphères privée et publique où elle se déploie. Parler en son nom, c’est d’abord affirmer une solitude, celle d’une parole qui ne peut être ni partagée ni substituée, c’est-à-dire une épreuve de singularité. Mais c’est aussi assumer, dans un même mouvement, une responsabilité, celle d’un dire adressé, qui s’inscrit dans le tissu social et symbolique. Entre solitude et responsabilité se joue ainsi la condition paradoxale du sujet parlant : il ne devient sujet que dans la mesure où sa parole s’expose à autrui, tout en demeurant irréductiblement sienne. Cette tension, au cœur de toute prise de parole, se complexifie dans le contexte actuel, où les frontières entre les espaces de discours se brouillent et où l’identité de celui qui parle est tout autant revendiquée que mise à l’épreuve. Cette thèse s’attache à explorer cette dialectique en interrogeant la construction de la subjectivité, la possibilité d’une parole propre et son inscription dans un espace commun, à partir de la philosophie politique (Arendt, Foucault), de la psychanalyse (Lacan, Winnicott), de la littérature (Gary, Mishima), de la tragédie (Sophocle) et du cinéma (Malick, Losey). Avec la possibilité de prendre la parole en son nom, cette thèse développe une idée de la solitude pensée comme une responsabilité éthique vis-à-vis d’autrui à qui on s’adresse.
Mots-clés : Parler, Solitude, Responsabilité, Nom, Sujet, Société, Autorité, Silence, Inclusion, Narcissisme, Consentement
Speaking on one’s own behalf : Solitude and responsibility
“Speaking on one’s own behalf”: this project, which is fundamental to democracy, resonates with new intensity as individual voices multiply in contemporary society. This freedom of thought and speech can only come about through encounters with otherness and constant negotiation between the private and public spheres in which it unfolds. Speaking on one’s own behalf means first and foremost asserting a solitude, that of a voice that can neither be shared nor substituted, in other words, a test of singularity. But it also means assuming, in the same movement, a responsibility, that of an addressed statement, which is part of the social and symbolic fabric. Between solitude and responsibility, the paradoxical condition of the speaking subject is thus played out: they only become subjects to the extent that their words are exposed to others, while remaining irreducibly their own. This tension, at the heart of all speech, is becoming more complex in the current context, where the boundaries between spaces of discourse are blurring and where the identity of the speaker is both asserted and tested. This thesis explores this dialectic by questioning the construction of subjectivity, the possibility of one’s own speech and its inscription in a common space, based on political philosophy (Arendt, Foucault), psychoanalysis (Lacan, Winnicott), literature (Gary, Mishima), tragedy (Sophocles) and cinema (Malick, Losey). With the possibility of speaking on its own behalf, this thesis develops an idea of solitude conceived as an ethical responsibility towards others to whom one addresses oneself.
Speaking, Solitude, Responsibility, Name, Subject, Society, Authority, Silence, Inclusion, Narcissism, Consent